- juiverie
-
1 ♦ Hist. Quartier juif, communauté juive de la diaspora.⇒JUIVERIE, subst. fém.VieilliA. — 1. Quartier juif. Ne la reconnaissez-vous pas? C'est Dina, la rousse! Dina la belle juive! La fille de Judas, le lapidaire, qui demeure là derrière, dans la juiverie (BOREL, Champavert, 1833, p. 154). Dans la juiverie de Tolède, le peintre vivait fastueusement avec sa famille et de nombreux élèves (BARRÈS, Greco, 1911, p. 34).2. Communauté juive. Les juiveries d'Orient. Pour demeurer intelligents nous n'avons pas eu besoin de rester en Palestine. La juiverie de Babylone a jeté autant d'éclat que celle de Jérusalem (THARAUD, An prochain, 1924, p. 297). Le régime de compression qui sévissait depuis environ trois siècles sur ces juiveries en décadence (WEILL, Judaïsme, 1931, p. 38) :• Elle reconnaît à une empreinte d'ongle sur un parchemin la différence qui sépare la juiverie de la Judengasse de la juiverie du Ghetto.HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 513.B. — Péjoratif1. L'ensemble des juifs, la société juive. La juiverie cosmopolite; la juiverie internationale. Je n'ai pas de chance. C'est un jour de juiverie. Il y a à dîner l'affreux Reinach, le ménage Straus; mais ils me font bonne mine, et Mme Straus, qui est une femme d'esprit, est même très aimable avec moi (GONCOURT, Journal, 1896, p. 941).2. Fait, manière d'être juif. Juiverie cynique, mal dissimulée. Il espérait se débarbouiller un peu (...) de sa juiverie honteuse dans les eaux de ce baptême (ZOLA, Vérité, 1902, p. 99). Il y eut toujours, chez cet israélite, un mélange de patriotisme français (mais oui), de parisianisme de boulevard, et de juiverie avisée et sournoise (L. DAUDET, Temps Judas, 1920, p. 149).3. Histoire juive. Une juiverie contée ce soir par Hervieu (GONCOURT, Journal, 1889, p. 1085).Prononc. et Orth. : [
]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. Geuerie « ensemble des juifs » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, 100, 3); mil. XIVe s. juiverie (Dit des mais ds Nouv. Recueil Fabliaux, éd. A. Jubinal, t. 1, p. 188); 2. ca 1208 juerie « quartier juif » (VILLEHARDOUIN, Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 159). Dér. de juif; suff. -erie. Fréq. abs. littér. : 84. Bbg. HOEBANX (J.-J.). Juiverie. Archives de la société archéol. et folklorique de Nivelles. 1957, t. 17, pp. 245-248.
juiverie [ʒɥivʀi] n. f.ÉTYM. Mil. XIVe; juierie, v. 1207; geuerie, juerie, XIIe; refait d'après juif, juive, et -erie.❖1 Hist. Quartier juif, communauté juive de la diaspora. || Les juiveries du bassin de la Méditerranée au Ier siècle.1 (…) en 19, Tibère fait déporter environ 4 000 membres de la juiverie (…) dans l'île de Sardaigne.Ch. Guignebert, le Monde juif…, p. 278.2 (1607). Vx. Établissement de prêt, mont de piété.3 (Sens le plus ancien; repris fin XIXe; av. 1893, Taine). Péj. et insultant. Ensemble des Juifs, société juive.2 Des Juifs, rien que des Juifs, ici, toute une juiverie pâle, anémiée par l'Inde et les maisons trop closes (…)Loti, l'Inde (sans les Anglais), III, XII.4 Péj. et insultant. Caractère juif (dans un contexte antisémite, conscient ou non).3 Elle m'est peu sympathique, prononce d'une manière vulgaire et a la juiverie peinte sur la figure.E. Delacroix, Journal, 4 avr. 1849.♦ Vx. Histoire juive (en fait, histoire antisémite). || « Une juiverie contée ce soir par Hervieu » (Goncourt, Journal, in T. L. F.).REM. Les emplois 3 et 4 font que, même au sens 1, le mot ne peut plus s'employer dans la langue courante.
Encyclopédie Universelle. 2012.